TETYANA NAHAYCHUK
Après des études de stylisme et plusieurs années d’expérience dans le milieu de la mode en Ukraine, j’ai choisi de poursuivre mon chemin en France. Mon désir d’art m’a conduite à intégrer une école préparatoire aux écoles supérieures d’art et à suivre des cours d’histoire de l’art contemporain à Nice. Lors de mes études au Pavillon Bosio, l’école supérieure d’arts plastiques de Monaco, je me suis tournée vers la scénographie.
Aujourd’hui, ce langage sensible me permet de créer des univers comme autant de terrains d’exploration intérieure, des espaces propices à la contemplation, à l’émotion et à la rencontre de soi.
Les valeurs qui guident ma démarche artistique sont la réflexion même et les dispositifs qui l’induisent, questionnant la présence, l’être et menant à l’inspiration. Mon travail s’articule autour d’installations sonores et lumineuses minimales qui interrogent nos perceptions et, plus largement, notre façon d’aborder le monde esthétiquement. Réalisées à partir de dispositifs relevant de la technologie, ces pièces proposent des expériences visuelles, presque méditatives. Je m’inspire des espaces vides à l’abandon où le temps semble figé et dans lesquels l’absence de bruit se fait sentir mais aussi des lieux urbains pollués par des fréquences sonores qui imprègnent et traversent le corps. Entre le silence et le bruit, mon travail repose sur un équilibre fragile entre l’impression d’une dilution imminente de soi et l’urgence de trouver un renouveau à travers le dépassement de nos limites.
À l’origine de ma démarche, il y a cette idée que nous ne voyons pas les choses en elles - mêmes mais que nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes. Ainsi jusque dans notre propre personne, l’individualité nous échappe. En invitant à abandonner notre connaissance pour une approche perceptive du réel, mon travail propose de faire une expérience plus directe du monde. Pour ressentir il faut naître, pour naître de nouveau, il faut ressentir. Mon objectif est de créer un espace où le corps peut gagner en autonomie et en cohésion en recourant à des dispositifs technologiques qui renforcent, apaisent, enveloppent, au lieu d’aliéner comme c’est usuellement le cas. J’essaie de provoquer des émotions, des réactions, qui laissent le corps raisonner dans une autre forme de connaissance plus intuitive. La forme est toujours minimale, laissant une grande place à l’observation, suggérant aux spectateurs d’explorer leur proprioception.
Dans ma pratique, je capte le son environnant pour le modifier à l’aide de logiciels. Ce travail sonore se différencie de la musique : j’extrais le son et je retravaille sa potentialité plastique. Portées par des dispositifs techniques spécifiques, mes pièces explorent les interrelations entre la nature spatiale du son, le silence et la perception de l’auditeur. Ce travail se déploie sous la forme de vidéos, de textes ou d’installations qui visent à orienter l’attention du public vers des aspects habituellement négligeables de l’expérience sonore.
Une fois cette attention révélée, je l’ai éprouvée dans d’autres installations constituées d’éléments tels que la terre, l’eau ou le blé pour retisser un lien entre l’homme et la nature. J’essaie de sensibiliser notre rapport à l’environnement par la prise de conscience que tout est éphémère.
