
Noise to Free the Spirit. Noise to Find Myself, 2024
Vue d’exposition du diplôme de DNSEP, Pavillon Bosio, Monaco
C’est une note placardée sur la porte qui donne le ton.
Noise to Free the Spirit. Noise to Find Myself ; ce préambule précise d’emblée le sens de la recherche de Tetyana Nahaychuk : le son est affaire d’émancipation, de connexion à soi - même et au monde. En quête d’une « écoute profonde », l’installation conçue par l’artiste procède par immersion progressive. Le premier espace consiste en un bain de son ; un son sans tonalité, purement technique, comme un branchement dans l’attente d’un signal. Sa source provient du plafond, il pourrait même s’échapper du détecteur de fumée. Ce bain de son « neutre » est un sas pour l’activation des oreilles, destiné à affuter notre réceptivité ; il se prolonge lorsque l’on pénètre dans le deuxième espace par une image brouillée projetée au mur, qui s’apparente à la « neige » des écrans cathodiques. Il faut ensuite franchir un rideau de chaînes - qui ne manquent pas de tinter à notre passage - pour parvenir dans le dernier espace. Au centre, des panneaux métalliques suspendus affichent des messages injonctifs ou interrogatifs qui forment un cercle autour duquel graviter. L’espace s’emplit alors d’un son enregistré par l’artiste à la gare de Francfort, qui, retravaillé, est diffusé depuis quatre haut - parleurs. Il dessine un paysage sonore où se mêlent le rythme du réseau ferroviaire, le brouhaha des voyageur·euses et la voix diluée des annonces micro. Espace public où la distraction sonore est permanente, la gare est aussi un lieu de transport - au sens fort - où se rendre poreux aux bruits qui l’animent peut permettre d’accéder à d’autres espaces mentaux. En ce sens, l’expérience d’une forme de contrainte qu’évoquent, dans la pratique de Tetyana Nahaychuk, les chaînes, le panoptique ou la rhétorique des phrases assertives, peut être transcendée par la pratique active de l’écoute. Comme chez la musicienne et artiste Pauline Oliveiros, l’attention aux vibrations qui nous entourent, aux sons entre les sons, constitue un engagement, à la recherche d’une résonance intérieure et collective.
Elsa Vattier, texte l’édition des DNESP du Pavillon Bosio, Monaco, 2024
NOISE TO FREE THE SPIRIT.
NOISE TO FIND MYSELF.
Sérigraphie sur aluminium, 70x50 cm, 2024
Série de 10 panneaux
Le spectateur est invité à lire des statements qui reflètent ma propre interprétation du monde. J’utilise cette manière de slogan silencieux comme une forme frontale pour transmettre mes idées, interpeller et questionner le public. Au fil d’une progression circulaire, le visiteur rentre dans ces différentes propositions mentales qui sont rétro-éclairées par des leds.
Contrairement à une manifestation, ces slogans ne sont pas destinés à être scandés mais plutôt intériorisés. Selon moi, la force de l’homme ne se trouve pas dans le pouvoir mais dans le dépassement de soi.









